JEJU 1980 ❧ les esclandres se multiplient et avec elles s’agitent les banderoles aux couleurs d’un pays déchiré par une dictature tyrannique. les voix sont fortes et les chants hantent les rues : les revendications d’une société en péril. des foules d’étudiants et de manifestants piétinent les sols de jeju dans l’espoir d’abolir le système et enfin écrire de leur plume courageuse un chapitre nouveau. celui d’une égalité loin de l’oppression habituelle. celui d’un monde où l’avenir serait fleurissant et équitable. ils sont le nouvel espoir. celui que les médias en panique nomment «
s e c o n d w a v e » en référence à un second mouvement protestataire : suivant celui de la fin de la guerre des Corées. ils perturbent, troublent, mais ne laissent jamais indifférents. et, «
la seconde vague » ne déferla que quelques jours avant de se voir attribuer la victoire et la naissance d’une démocratie au sacrifice de nombreuses vies. une nouvelle course commença alors : celle à la modernité et la technologie,
et alors on enterra la vague.
le pensaient-ils.
JEJU 2018 ❧ ce ne furent à la base que de simples murmures offusqués, des mots que le chant des vagues étouffait à les en rendre incompréhensibles. mais ils montaient, indéniablement, et bientôt fendirent l’air à l’espoir d’une nouvelle génération. les pas se firent
à nouveau plus pressés sur le macadam, le bouche à oreille devint quotidien ; les plus anciens s'inquiétaient
encore. les teintes vives de jeju revêtirent leur manteau de gris
à l’image d’un passé qui refait surface. les étudiants se lassent de cette pression perpétuelle que la société pose sur leurs épaules encore frêles ; se meurent de tant d’inégalité et du manque de chance qu’on leur réserve pour unique et triste avenir. se soulèvent contre cette modernité faite de richesse ou de pauvreté sans que personne n’interviennent jamais. «
oh, sois belle, sois grand et fort, mais par pitié, sois brillant et tais-toi. » et tel le phœnix qui renaît de ses cendres, « la vague » ne s’est jamais complètement éteinte. les braises ne sont que plus vives : le feu reprend et se nourrit de la société,
les pions de l’échiquier se mettent en place.
« t h i r d w a v e »
ce furent les étudiants qui, les premiers, mobilisèrent les rues. et bientôt marchèrent avec eux, ceux dont les pensées sont révolutionnaires et bien trop innovantes pour un tel pays.
hors, aux antipodes de ses prédécesseurs, le monde actuel n’est que plus hostile ; les moyens technologiques ont surpassés toutes les attentes, décuplent les risques. et avec eux, les méthodes d’action.
T H I R D W A V E
« si tu ne marches pas avec nous, c’est que tu es contre nous. »