Hold hands. That’s what you’re meant to do. Keep doing that and don’t let go. That’s the secret.
C’était Ji Hoon qui conduisait, d’un commun accord, résultat d’une longue discussion entre les trois adultes. Atsuko, il en avait été hors de question. Elle était déjà bien trop nerveuse. Haruto aurait été un bon choix, mais Ji Hoon avait avancé l’argument qui avait fini par les décider : s’il ne conduisait pas, il aurait très clairement stressé son fiancé durant tout le trajet. Au moins, au volant, il savait qu’il devait rester concentré. Le GPS indiqua de sa voix féminine et robotique qu’ils approchaient de leur destination, arrivée prévue dans trois kilomètres. Rien du tout, en résumé, à peine dix minutes. Le silence s’était installé dans l’habitacle de la voiture du Japonais depuis quelques minutes déjà, quand l’arrivée avait été signalé dans dix kilomètres. Seuls parfois, les rires de l’enfant installé sur la banquette arrière, derrière son père et à côté de sa mère perçaient le silence. Les yeux rivés sur l’écran de sa tablette numérique, Naoto regardait un de ses dessins-animés fétiches. Du casque qu’il avait vissé sur les oreilles s’échappaient de petits sons joyeux. Le petit garçon semblait avoir oublié ce qui l’entourait, l’endroit où il se trouvaient, même. Pour lui, ça ne devait pas être si exceptionnel, une sortie comme une autre, peut-être. Il savait que c’était important, oui, il l’avait dit lui-même, mais il ne devait pas saisir l’importance de cette fameuse rencontre.
Les parents de sa mère l’avaient recontactée, il y avait de cela une semaine. L’affaire Kobayashi avait été relayée dans les journaux de Tokyo et ses banlieues, jusque dans les villes voisines. Jusqu’à celle où vivaient les parents de la jeune mère. Une photo d’elle avait été publiée, on y avait raconté son histoire. Ses parents l’avaient reconnue, s’étaient inquiétés pour elle, et voulaient la revoir. Ils souhaitaient faire connaissance avec ce petit-fils qu’ils n’avaient jamais vu et avaient failli perdre sans jamais le connaître. En tout cas, d’après ce que leur avait annoncé Atsuko un soir, complètement bouleversée alors qu’elle récupérait Naoto de son week-end chez son papa. Avec hésitation, elle avait fini par leur demander s’ils voulaient bien l’y accompagner. Bien sûr, Haruto avait compris à son regard appuyé vers Ji Hoon que si elle avait le choix et si elle avait osé, elle n’aurait demandé cette faveur qu’au père de son fils. Mais ce dernier avait alors souri, regardé Haruto, lui avait pris la main, puis avait accepté qu’ils y aillent ensemble, tous les quatre. Haruto lui avait souri à son tour, avant de hocher la tête pour montrer son accord, devant une Atsuko qui maintenait son sourire comme elle le pouvait. Le soir-même, quand ils s’étaient retrouvés seuls, Haruto n’avaient pas été certain que ce soit une bonne idée qu’il vienne avec eux, insistant auprès de son fiancé qu’il avait bien vu que cela ne semblait pas plaire à Atsuko, qu’il pouvait même comprendre. Après tout, elle n’avait pas vu ses parents depuis des années, c’était déjà une situation stressante comme ça. Mais Ji Hoon l’avait rassuré, lui disant qu’après leur conversation avec Naoto, il était important qu’ils se montrent unis, même dans ce genre de situation.
Et les voilà donc dans sa Toyota, en route vers Saitama où vivaient les parents de la jeune femme. D’ici peu, ils feraient tous les quatre face à ces personnes que trois d’entre eux ne connaissaient pas du tout. Des étrangers, sûrement même aussi un peu pour Atsuko. Si Haruto refusait d’avoir honte du couple qu’il formait avec Ji Hoon, qu’il n’avait aucun problème à se présenter comme son compagnon – son fiancé ! – en tant normal, il savait aussi que ce serait délicat, aujourd’hui. Il souhaitait réellement que Atsuko se réconcilie avec sa famille, que celle-ci accueille Naoto les bras grands ouverts, qu’ils l’acceptent malgré toutes ces histoires. Que ces histoires soient justement oubliées, reléguées au passé. Atsuko avait besoin de soutien, surtout après les derniers événements de ces dernières semaines. C’était une femme courageuse, elle qui avait dû pendant longtemps tout supporter seule, mais cela ne signifiait pas pour autant que cela devait durer pour toujours. C’était pourquoi Haruto pouvait prendre sur lui. A Ji Hoon, il avait certifié pouvoir se présenter comme un ami, s’il le fallait. Il pensait avant tout à Naoto. Ce dernier avait le droit de connaître ses grands-parents maternels. Et si Hua se plaisait beaucoup dans son rôle de grand-mère quand ils allaient lui rendre visite, il y avait une autre mamie qui pouvait en faire de même, à quelques kilomètres de là. Garder de vieilles rancœurs n’était jamais bon, et ils en savaient tous quelque chose. En vérité, Haruto avait même hâte de les voir fondre devant l’adorable bouille de Naoto. Il ne lui fallait pas grand-chose pour séduire son audience, et secrètement, les trois adultes devaient espérer que cela marche aujourd’hui une fois de plus.
Le GPS annonça que la destination se trouvait sur leur gauche, à deux-cents mètres. Sans le contrôler, Haruto pris une profonde inspiration. Le voilà nerveux, et il se demandait si son sentiment était partagé. Dans sa main, une bouteille de vin français. Atsuko, elle, tenait un bouquet de fleurs dont elle n’était plus sûre de savoir si c’était celles que sa mère préférait ou détestait. Dans le petit cartable que Naoto emmenait partout avec lui lors des sorties, entre les jeux étaient soigneusement enroulés deux dessins qu’il avait fait dans l’après-midi. Des présents qui – ils l’espéraient tous – plairaient aux parents de la jeune femme et aideraient à faire la paix. « Vous êtes arrivés à destination. » La voix polie se tut immédiatement, quand Ji Hoon éteignit l’appareil. Naoto leva enfin le nez de son écran, faisant glisser le casque sur son crâne pour se libérer une oreille. De sa petite voix un peu excitée, il demanda s’ils étaient arrivés. Haruto se détacha, mais avant que lui ou son fiancé ait pu ouvrir la bouche, Atsuko répondit à son fils. « Presque, tu peux finir ton épisode. » L’enfant sembla ravi de cette opportunité. Dans un sourire un peu navré, Atsuko se détacha, s’avança légèrement sur son siège pour être entre les deux sièges avant. Elle semblait hésiter. « Il y a quelque chose que je dois vous dire. » Ses lèvres rouges roulèrent l’une sur l’autre, distraitement, d’un geste nerveux, elle passa sa main sur ses cheveux coiffés pour l’occasion – pas de queue de cheval stricte comme à son habitude, une belle ondulation lui donnait l’air d’une sirène, d’après son fils.
« Je n’étais pas tout à fait sincère avec vous. Enfin, si. Mais… » Lentement, elle se tourna pour regarder son fils. Ce dernier ne semblait pas faire attention à eux, trop hypnotisé par son dessin-animé. Haruto, lui, échangea un regard inquiet avec Ji Hoon. « Que se passe-t-il, Atsuko ? » Dans un soupir, elle se retourna vers le couple devant elle. « Quand ma mère m’a appelé suite à cet article, j’étais vraiment heureuse, mais aussi confuse. Alors… » Haruto se tortilla sur son siège pour mieux lui faire face. « Qu’est-ce qu’on doit savoir ? » La jeune mère.le fixa un instant, les lèvres pincées. « Dans l’article, il était mentionné que c’était le père de Naoto qui l’avait sauvé, alors… Ils se sont fait des idées. Le fait qu’il le cherche à l’école, qu’il soit présent… » Haruto n’avait pas un bon pressentiment, toute trace de sourire avait disparu de son visage. Son regard restait rivé sur la jeune femme qui détourna le sien pour le poser sur Ji Hoon, cherchant son soutien à lui. « J’ai pensé à Naoto, à ce qu’ils m’avaient dit à l’époque quand je leur ai dit être enceinte. Ji Hoon, je veux juste qu’ils le rencontrent et voient quel petit garçon merveilleux il est. Je te promets n’avoir pensé qu’à lui. » Haruto leva les yeux vers Ji Hoon, le fixant lui aussi, à son tour.
Puis il se retourna vers la jeune femme. « Tu leur as dit quoi, exactement ? » Cette dernière sembla hésité, poussant un nouveau soupir. « Que je revoyais son père, sans rien préciser. » Cela ne plaisait absolument pas à Haruto, et son mauvais pressentiment se faisait de plus en plus insistant. « Mais encore ? Pour moi ? Comment tu as justifié ma venue ? » Atsuko le fixa un instant, légèrement dédaigneuse. Mais son expression redevint rapidement plus neutre, comme si elle craignait que l’on ne découvre qu’elle n’était pas très heureuse de la manière dont il s’adressait à elle – ce dont Haruto se fichait, à l’heure actuelle. « Que tu étais un ami commun, grâce à qui on s’était retrouvés. » Haruto déglutit avec peine, se tournant vers Ji Hoon. Allait-il protester ? Devait-il le faire lui seul ? « Un ami commun, je vois. » Un rire pas franchement joyeux franchi ses lèvres, alors qu’il se retournait pour faire face à la route, se collant un peu trop violemment à son siège, les bras croisés contre son torse. Un goût amer lui envahissait la bouche. « Je n’aurais pas dû venir. » Cette rencontre allait être une catastrophe.
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C’était une histoire un peu bizarre, Ji Hoon ne savait pas trop quoi en penser. Que Naoto rencontre ses grands-parents maternels, il en était très heureux. Qu’Atsuko retrouve ses parents, tant mieux pour elle. Mais pourquoi devaient-ils être là, Haruto et lui ? Le Coréen ne comprenait pas mais n’avait pas eu le cœur de refuser. Après tout, ce n’était que quelques heures où probablement personne n’allait faire attention à eux, trop occupé à retrouver leur fille, et à apprendre à connaître leur petit-fils. Ils allaient faire parti du décor et ce n’était pas trop mal. Ji Hoon ne voulait pas s’investir à outrance dans tout cela, ils avaient encore des choses à réparé suite à la conversation d’il y a quelques jours. Naoto montrait à nouveau tout son amour à Haruto, mais ils étaient tout de même allé voir son institutrice et ils en avaient discuté avec Atsuko qui avait été également scandalisé. A l’école, ils avaient bien expliqué que ce n’était pas tolérable qu’un enfant subisse ce genre de chose et l’institutrice avait promis de sensibiliser les enfants sur cela, et de faire parvenir le message aux parents, pour éviter que cela ne se reproduise et que Naoto puisse profiter de ses moments avec ses camarades. Ce dernier assurait qu’il s’en sortait bien tout seul, et qu’il était parvenu à « fermer les grandes bouches » de ceux qui se moquaient.
Que les parents de la jeune femme la recontacte était une bonne chose. Ji Hoon avait toujours été très tourné vers la famille et il pensait qu’avoir Naoto loin d’une partie de ses racines n’étaient pas bon pour lui. Il aurait probablement un manque, même si cette année, il retrouvait beaucoup de choses. Son père, la famille de son père, désormais la famille de sa mère. Il était néanmoins important qu’il rencontre ces personnes, qu’il puisse avoir une famille ordinaire, d’une certaine façon, même si elle était déjà relativement extraordinaire. Le Coréen savait que cela risquait d’être malaisant pour son fiancé et il espérait de ton son cœur que cela irait pour ce dernier. Ji Hoon savait que ce genre de situation était assez compliquée pour lui, comme il ne savait pas exactement où se placer dans tout ça, quel était son rôle. Si cela s’était plutôt bien défini auprès de Naoto, le plus important, il y avait également tout ce qui touchait le reste du monde, et la famille d’Atsuko en faisait parti. C’était des retrouvailles fragiles et au fond, Ji Hoon ne savait pas si elle prenait une bonne décision, en leur demandant de venir.
Au volant de la voiture, Ji Hoon roulait avec attention, plus prudent que jamais lorsque le petit bonhomme était assis sur son siège enfant à l’arrière du véhicule. Il préférait conduire, prônant sans honte qu’il était le meilleur conducteur du couple, même si ce n’était pas forcément vrai. Haruto roulait trop lentement pour lui et ça avait tendance à l’agacer, il passait son temps à se plaindre et à critiquer sa conduite. Autant être tout de suite derrière le volant pour éviter ce genre de petits problèmes et s’assurer que tout le monde passait un trajet dans le calme. Et pour être calme, il était calme le trajet. Seuls les rires de Naoto venaient apporter un peu d’animation. Les dessins animés pendant les voyages en voiture, une excellente invention ! Au moins, il ne demandait pas en permanence quand est-ce qu’ils arrivaient. Saitama, ce n’était pas si loin, une trentaine de minutes si tout allait bien. Mais quand on avait cinq ans, ça paraissait définitivement plus long qu’en réalité. Il souriait parfois à son fiancé, jetant un œil dans le retroviseur en essayant de s’assurant que tout le monde allait bien derrière. Atsuko semblait nerveuse, il pouvait voir qu’elle s’était plus apprêtée que d’ordinaire. Ses cheveux étaient légèrement ondulé, elle portait un maquillage joli mais discret et une tenue plutôt sage. Elle devait tout mettre de son côté pour plaire à ses parents.
Ils étaient arrivés. Un soupir franchit ses lèvres alors qu’il arrêta la voiture, baissant la tête pour essayer d’apercevoir la maison. La voix de Naoto vint briser le silence en demandant s’ils y étaient. Qu’Atsuko lui propose de finir son épisode était un peu étrange. Et ça le devenait d’autant plus quand elle se pencha pour leur parler. Quelque chose à leur dire. Par réflexe, il jeta un regard à son fiancé avant de détacher sa ceinture et se tourner légèrement pour pouvoir regarder Atsuko, prêt à l’écouter. Il ne devrait pas être stressé par il appréhendait ce qu’elle allait dire. Il sentait récemment que ce n’était pas le grand amour entre Haruto et elle, et à raison, Ji Hoon craignait toujours que quelque chose envenime la situation et que leur relation se dégrade encore un peu. Il était heureux que Naoto ne remarque rien pour le moment. Il sentait que la conversation allait lui déplaire. Elle n’avait pas été sincère avec eux. Pour qui ? Pour quoi ? Dans quoi les avait-elle amené ? Le Coréen retint sa respiration, visiblement moins vif d’esprit que son homme qui la poussa à parler plus vite avec ses questions.
Qu’est-ce qu’elle avait dit à sa mère ? Et pourquoi semblait-elle aussi hésitante à parler ? Il commençait à s’inquiéter, espérant qu’elle n’avait rien fait d’idiot, mais c’était sans doute trop demander actuellement, avec elle. Il commençait à voir où elle voulait en venir, mais Ji Hoon avait encore qu’il se trompe, qu’elle n’avait pas menti sur leur relation, qu’elle n’avait pas été idiote à ce point. Le père était à nouveau présent, mais elle aurait simplement pu dire que c’était uniquement pour Naoto, comme c’était le cas en réalité. Elle ne le disait pas explicitement, mais il sentait le tout arriver. A l’époque, ils l’avaient blâmer de faire un enfant alors que le père serait absent. Elle n’avait pensé qu’à Naoto, mais Naoto, qu’allait-il en dire ? elle avait dit qu’elle revoyait le père sans rien préciser, et ça laissait forcément place à trop d’imagination de la part de ses parents. Il restait sans doute trop silencieux, en sentant que son fiancé s’agaçait. Il ne savait pas quoi dire. Il trouvait qu’elle exagérait, en comprenant néanmoins un peu sa position. Il ne put s’empêcher de rire nerveusement quand elle expliqua qu’elle avait décrit Haruto comme un ami commun, qui les avait présenté. Ses lèvres se pincèrent en regardant Haruto s’appuyer contre son siège. Son regard vaqua entre Atsuko et son fiancé, avant qu’il soupir ne franchisses ses lèvres.
C’était n’importe quoi, une grande mascarade. Il n’était pas certain que cela pourrait même fonctionner. « C’est juste pour quelques heures, hm ? » Il avait regardé son fiancé, n’arrivant lui-même pas à croire qu’il acceptait. Il jeta un regard à Atsuko qui afficha un sourire soulagé. Sa main se posa sur la cuisse de son fiancé qu’il caressa doucement. Il comprenait que cela l’agace, mais en même temps, c’était effectivement la seule solution qu’ils avaient. « Je préfère qu’ils se concentrent uniquement que Naoto plutôt qu’ils soient sur le dos d’Atsuko pour son célibat. Ou qu’ils soient focalisés sur nous deux. » Parce que cela risquait fort d’arriver, s’ils étaient aussi obsédé par les conventions. « On fait ça pour Naoto, Baobei. » Il ne savait pas exactement qui il essayait de convaincre le plus. Attrapant brièvement sa main, il entendit Naoto retirer son casque et dire qu’il avait fini son épisode. « On y va. » Laissant Atsuko et Naoto sortirent de la voiture, il reposa encore une fois ses yeux sur Haruto, pinçant les lèvres. « Je sais que c’est beaucoup demander, mais on a pas vraiment le choix, si ? » Il lui sourit avant de sortir de la voiture à son tour, se dépêchant de retrouver Naoto. Atsuko en profita pour lui faire discrètement remarquer qu’il devrait retirer sa bague de fiançailles pour que ses parents ne posent pas de questions. Ji Hoon la fixa avant de la retirer difficilement. Il n’aimait pas l’enlever. La dernière fois qu’il l’avait enlevé, c’était quand il avait quitté Haruto, et ce n’était pas un bon souvenir.
La porte s’ouvrit sur un couple qui devait frôler le début de la soixantaine. La mère sembla émue en voyant sa fille, posant ensuite ses yeux sur son petit-fils, finissant par éclater en sanglot. Son mari resta impassible, les yeux brillants d’émotion, il sourit en posant ses mains sur les épaules de sa fille, lui glissant quelques mots. La mère se baissa pour se présenter auprès de Naoto, qui fit immédiatement fureur auprès du couple. Comme toujours. Cela dura quelques minutes avant que sa présence ne soit remarquée, ainsi que celle de Haruto. « Bonjour, je suis Ji Hoon. Le père de Naoto. » Il se courba poliment devant eux. Il sentit le regard dur du père et celui intrigué de la mère. « On ne vous attendait plus ! Atsuko refusait fermement de vous revoir à l’époque. » Il lança un regard à cette dernière qui fuyait le sien, gardant ses yeux fermement figés sur Naoto. « Et vous devez être la cause de tous nos ennuis, celui qui les a présentés ? » La mère afficha un petit sourire en observant Haruto.
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Ce n’était pas une sortie ordinaire, évidemment. Rencontrer les parents de la mère du fils de son fiancé, c’était tout de même singulier. Mais puisque Atsuko avait insisté, ils n’avaient pas pu vraiment refuser. Du moins, elle avait insisté pour que Ji Hoon l’accompagne, pas vraiment pour lui. Mais comme il l’avait souligné auprès de Naoto, l’un n’allait pas sans l’autre. Le couple ici, c’était eux. Et si le petit garçon l’avait très bien assimilé depuis leur discussion, sa mère ne semblait pas encore convaincue. Si le Japonais la tolérait, c’était uniquement pour Ji Hoon et Naoto. Il savait que son fiancé n’était pas dupe, qu’il voyait très bien qu’ils ne s’entendaient pas des masses et prenaient sur eux pour ne pas se montrer hostiles l’un envers l’autre. Tous deux paraissaient vouloir se montrer adultes, ce qui était louable. Heureusement pour eux, le petit garçon ne paraissait pas remarquer tout ça, sûrement trop heureux dans son petit monde d’enfant gâté et choyé. Ils avaient fait part à Atsuko de leur conversation, à tous les trois, et la jeune femme avait tout autant été scandalisée de ce qu’elle avait appris sur ce que son fils vivait à l’école. C’était peut-être la seule et unique fois qu’ils s’étaient montré tous les trois aussi unis et d’accord sur un point. Ce qui était normal, puisqu’il s’agissait du bien-être de Naoto.
Et le bien-être de Naoto, c’était aussi ce qui avait poussé Haruto à ne pas refuser catégoriquement de venir, qui l’avait même convaincu d’accepter. Il était important que l’enfant fasse connaissance avec sa famille, même celle qui avait rejeté sa mère. Si cette dernière voulait bien les revoir, c’était d’ailleurs pour lui. Là aussi, les trois adultes semblaient assez d’accord. L’enfant restait innocent dans toute cette histoire, ne méritant aucune haine, aucun rejet. De toute manière, ils étaient sûrement tous les trois convaincus de la même chose ; Naoto séduirait ses grands-parents maternels d’un seul sourire. Impossible de ne pas aimer ce petit garçon si adorable. Ce serait même comme un retour de karma pour ce couple qui avait eu le malheur de ne pas accepter sa naissance. Ils regretteraient très certainement d’avoir manqué ces cinq années, de ne pas l’avoir vu grandir. Comme Ji Hoon, à vrai dire, sauf qu’eux avait eu le choix, eux avaient pris cette décision cruelle et sans cœur. S’ils se trouvaient donc dans ce véhicule aujourd’hui, c’était bien pour Naoto, avant tout. Haruto n’avait pas l’intention de nouer le moindre lien avec les parents de la jeune femme, et Ji Hoon lui avait assuré qu’il en allait de même pour lui. Ce n’était pas un dîner pour apprendre à connaître ces personnes. C’était un dîner pour que ces personnes apprennent à connaître Naoto.
Pourtant, une fois arrivés, Haruto sentit un trouble l’habiter. Quelque chose lui disait qu’il ne devrait pas être là. Ce n’était pas sa place. Il se sentait horriblement étranger à cette histoire, aussi fort pouvait-il aimer Naoto. Que dirait-il à ces personnes ? Il ne souhaitait pas qu’ils restent bloqués sur l’idée que le père de l’enfant était en couple avec un homme. Et s’ils demandaient à leur fille de refuser à Ji Hoon la garde de son fils, sous prétexte qu’il était dans une relation homosexuelle ? Haruto avait lu bien trop d’histoires sordides à ce sujet. Finalement, sa venue n’était peut-être pas une si bonne idée que ça, et ce même après ce qu’ils aient dit à Naoto. Le fait que la mère de ce dernier accepte qu’il finisse son dessin-animé pour leur parler ne lui disait rien qui vaille. Et son mauvais pressentiment était visiblement plus que justifié. Plus Atsuko parlait, plus il se décomposait. Chaque mot qu’elle osait prononcer l’agaçait un peu plus. Il était de plus en plus révolté à chaque phrase. Bien sûr, pour ne pas éveiller les soupçons de Naoto qui regardait innocemment et joyeusement son dessin-animé, Haruto prenait sur lui pour ne pas hurler. Un peu bêtement, il se sentait profondément trahi par la jeune femme. Certes, ce qu’elle disait n’était pas si idiot, et le Japonais comprenait qu’elle souhaitait simplement que ses parents acceptent de voir Naoto, mais il se sentait floué. Pris de court, il ne pouvait se montrer totalement pour le projet, regrettant vraiment d’être venu.
Et la réponse n’aida en rien à le rendre à l’aise. Haruto le fixa d’un regard aussi choqué que noir. Là aussi, il avait l’impression d’être trahi. Derrière lui, il pouvait entendre le soupir soulagé de la jeune femme. Mais il ne la regarda pas, maintenant son regard noir sur Ji Hoon. C’était comme s’il le laissait tomber. S’il ne repoussa pas la main de son fiancé sur sa cuisse, c’était seulement parce qu’il ne voulait pas faire ce plaisir à Atsuko. « Très bien. » Son ton était sec. « Merci beaucoup. » Elle n’avait regardé que Ji Hoon, mais cela n’empêcha pas Haruto de darder sur elle le même regard noir. Et quand Naoto retira son casque pour le tendre à sa mère, et que celle-ci se détourna alors pour le ranger, Haruto retira sa main de celle de Ji Hoon. Restant dans son siège le temps que Naoto et sa mère sortent de la voiture, Haruto ne décolérait pas. « Pas le choix, hm. » Il posa son regard toujours peu sympathique sur son fiancé. « Bon, en tout cas tu me rends plus facile mon rôle ‘d’ami de la famille’. » Haruto n’avait plus du tout envie de se montrer amoureux, pour le moment.
Sortant à son tour du véhicule, il rejoignit la petite famille. S’il posa affectueusement la main sur le crâne de l’enfant qui lui sourit, son regard capta l’échange entre Ji Hoon et Atsuko. Scandalisé, il le regarda enlever sa bague de fiançailles, bouillant de l’intérieur. Une fois devant la porte de la maison des parents de la jeune femme, Haruto recula, les laissant devant, tous les trois. Ce fut tout de même avec émotion qu’il assista aux retrouvailles des grands-parents de Naoto avec ce dernier et sa mère. Le charme du petit garçon opéra aussitôt, et Haruto ne pouvait qu’en être admiratif. Quand Ji Hoon se présenta, il sentit une boule se former au creux de son estomac. En silence, il écouta le père le sermonner, puis fut pris de court par la mère que c’était directement adressé à lui. « Je… Je suis Kamiya Haruto. Enchanté. » Il ne l’était pas vraiment, mais connaissant ses bonnes manières. Un léger rire maladroit lui échappa, tant il était mal à l’aise. Toutefois, il refusait de confirmer les dires de la femme. Non, il n’était pas la cause de tous leurs ennuis. Il trouvait même ça cruel de la part de cette bonne femme que d’accueillir quelqu’un qu’elle ne connaissait pas de cette manière. Atsuko sembla remarquer qu’un malaise s’installait. « Haruto est un ami très cher. Et Naoto l’aime beaucoup. Comme un oncle. » Le petit garçon lança un regard curieux à sa mère. Cette dernière lui avait rapidement expliqué que pour la soirée, ils allaient un peu changer les rôles.
Les parents de la jeune femme finirent par les laisser entrer, et Atsuko sembla profondément émue. Si elle affirmait n’être ici que pour son fils, Haruto la soupçonnait de désirer tout autant renouer avec ses parents, ce qui était compréhensible. « Où est Riku ? » La mère sembla hésiter, avant d’annoncer qu’ils avaient dû le piquer, il y avait un peu plus d’un an. Haruto comprit qu’elles devaient parler du vieux chien qui se retrouvaient sur plusieurs photos accrochées dans le salon dans lesquels les guida le père. « Naoto vous a fait des dessins. Tu leur montres, mon chéri ? » Elle s’était accroupie près de son fils, qui trouva que c’était là une bonne idée. Et pendant qu’il ouvrit son sac sous l’œil attentif de sa mère, accroupie à ses côtés, et celui de ses grands-parents, Haruto en profita pour se rapprocher de son fiancé. « Je vais trouver un prétexte pour m’en aller. Sérieusement, Ji Hoon, qu’est-ce qu’on fait là ? » Ils n’étaient pas à leur place, surtout lui. Un peu plus loin, Naoto offrit ses dessins, que ses grands-parents complimentèrent à outrance, faisait irradier le sourire de leur petit-fils. Atsuko semblait aux anges, ils ne l’avaient clairement jamais vu sourire de la sorte. Le père se retourna alors vers Ji Hoon, affirmant qu’il devait avoir hérité de ses talents à lui, car sa fille n’avait jamais su comment dessiner, ce que Atsuko confirma immédiatement, de façon un peu trop assurée. Haruto, à l’écart, priait pour que cette soirée cauchemar se finisse rapidement, sachant très bien que sa patience avait des limites, et qu’elle était déjà mise à rude épreuve.
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La situation n’était pas idéale, ils étaient tous d’accord sur ce point. Ji Hoon savait que ça tombait un peu mal, que c’était encore quelque chose qui s’ajoutait après le rejet de Naoto. Même si ce point était résolu, cela restait un problème qu’ils avaient dû gérer et qui avait mis Haruto dans une mauvaise situation. Parfois, le Coréen avait peur que cela se cumule de trop et que son fiancé arrive à sa limite. La crainte de le voir le quitter le hantait parfois, sans qu’il n’ose vraiment en parler, de peur de lui en donner l’idée. Il savait que c’était beaucoup lui demander, et qu’il l’accepte malgré tout prouvait qu’il était un ange. Cependant, il avait ses limites et aujourd’hui, il craignait un peu qu’il les atteigne, surtout avec une rencontre aussi étrange. Les parents de Atsuko. On ne ferait sans doute pas attention à eux. Ji Hoon lui avait répété qu’ils n’auraient qu’à se mettre dans un coin et se faire oublier jusqu’au moment de repartir. Tout irait bien comme ça et ils n’auraient plus jamais à y aller. Parce qu’ils avaient été assez clairs avec la jeune femme : cette expérience ne se reproduirait pas et ils acceptaient de venir uniquement pour la première fois. Elle l’avait promis.
Ça allait être bizarre et gênant, mais ils faisaient ça pour le bonheur et le bien être de Naoto. Ji Hoon savait que les tensions entre son fiancé et la mère de l’enfant étaient palpables et il les remerciait silencieusement de faire l’effort de ne rien montrer, de se tenir tant que possible pour éviter que cela ne dégénère. Avec ce qu’il lui avait raconté, ce n’était pas étonnant que Haruto soit hostile envers elle, il était plus agacé par le comportement d’Atsuko, espérant qu’elle finirait par se calmer. Depuis l’appel de ses parents, elle semblait néanmoins aller mieux, ayant trouver une consolation dans son malheur. Au moins, elle avait retrouvé ses parents. C’était le plus important, au fond, et il était heureux pour son fils, évidemment. Naoto était si impatient de les rencontrer, il en avait parlé sans arrêt lors de leur dernier weekend, évoquant tout ce qu’il allait leur raconter. Il en avait parlé à « Mamie Hua » à qui il avait également promis de ne jamais les aimer plus qu’elle, ce qui avait fait rire la Chinoise qui comprenait de mieux en mieux ce qu’il racontait. Elle s’était mise à apprendre intensément le japonais pour pouvoir mieux communiquer avec son petit-fils et Ji Hoon trouvait ça tout simplement adorable.
Dans la voiture, il planifiait déjà dans sa tête les trois phrases qu’il comptait dire et répéter pour qu’on le laisse tranquille. Il ne voulait pas trop communiqué avec eux, juste rester en retrait avec Haruto et observer. C’était bien tout ce qu’ils avaient à faire. Ça le mettait un peu mal à l’aise et il se demandait si les parents d’Atsuko ne le seraient pas aussi. Sa mère lui avait dit qu’elle aurait trouvé ça étrange, qu’il fasse venir chez elle son ex et le nouveau compagnon de cette dernière, même s’ils avaient un enfant ensemble. Mais si ce n’était que ça. Faire acte de présence dans des retrouvailles malaisantes. La demande de la jeune femme les avait pris de court tous les deux, et Ji Hoon n’eut aucun mal à comprendre qu’il avait fait une erreur en acceptant. Le regard assassin de son fiancé laissait présager une très mauvaise soirée à leur retour. Et peut-être même des jours difficiles pour le restant de la semaine. Cependant, il ne se voyait pas ajouter du drama supplémentaire lors de cette rencontre. Il ne comptait pas jouer le petit-ami d’Atsuko mais juste le père de Naoto en omettant le détail le plus important ; il était en couple avec Haruto. C’était un peu compliqué, mais au fond, il ne voulait pas que cela représente encore un problème.
Il pinça les lèvres en entendant le ton sec de son fiancé, tentant un sourire maladroit lorsque la mère de l’enfant le remercia. Elle devait se douter qu’elle lui apportait des problèmes, mais comme souvent, elle devait s’en ficher royalement. Peu importe, ce n’était que quelques heures. Un silence pesa dans la voiture quand l’enfant retira son casque, il attendit qu’Atsuko le range et sorte de la voiture avec lui pour parler rapidement à son homme. Il pinça les lèvres et pencha légèrement la tête, résigné, quand il retira sa main de la sienne. C’était mérité, il ne pouvait pas se plaindre. Il ne lui avait effectivement pas laissé le choix, mais au fond, qu’aurait-il pu faire d’autre ? Affichant une petite moue adorable pour essayer de le faire craquer, il sourit un peu. « Je sais que tu m’aimes quand même. Moi je t’aime en tout cas. » Il lui accorda un dernier sourire charmeur avant d’enfin quitter la voiture, retrouvant Naoto et Atsuko pour s’approcher de la maison. A contre cœur, il accepta de retirer sa bague de fiançailles, la plaçant précieusement dans sa poche, en restant légèrement en retrait derrière la mère et l’enfant. Il se présenta maladroitement lorsqu’on s’adressa à lui, faisant de son mieux lorsque la mère s’adressa à Haruto. Il espérait qu’ils allaient rapidement à nouveau se focaliser entièrement sur Naoto. Il lança un regard à Atsuko qui fit de son mieux pour garder son petit cinéma en enfonçant un peu plus l’idée que Haruto était cet ami si proche de la famille. Ji Hoon caressa doucement les cheveux du petit quand ce dernier sembla un peu confus par les paroles de sa mère. S’il ne disait rien, c’était qu’elle avait dû le briefer avant.
Ses yeux se posaient sur la décoration de la maison, sentant son cœur se serrer à l’évocation du petit Riku, même s’il ne le connaissait pas, il était si mignon sur les photos. Il ne devrait pas se sentir aussi peiné pour un animal qu’il ne connaissait pas et c’était mieux qu’Atsuko parle des dessins de Naoto. Il observa en silence la scène de la famille qui se retrouvaient, les grands-parents si émus de recevoir pour la première fois des dessins de leur petit-fils. La voix de Haruto le tira hors de ses pensées et il tourna doucement sa tête vers lui pour le regarder. Non ! Il ne pouvait pas le laisser avec eux, c’était encore pire ! Discrètement, il se retourna pour s’approcher de lui. « Tu peux pas me laisser seul ici ! Et la station de train la plus proche est trop loin d’ici pour y aller à pieds. » Certes, il y avait les taxis mais c’était tout de même cher et loin du centre de Tokyo, Saitama. Il rouvrit la bouche pour continuer son argumentaire quand la voix du père d’Atsuko se fit entendre. Un petit rire maladroit franchit ses lèvres, il secoua doucement sa main devant son visage. « Je ne dessine pas très bien moi-même. Mais mes frères et l’une de mes sœurs sont très doués. » Mei Lin, Jin Seok et plus particulièrement Liang avaient un talent indéniables. Il était content que Naoto ait hérité ça d’eux. « Il deviendra peut-être un mangaka célèbre ! » La mère semblait tout à fait emballé par cette idée.
« Vous avez combien de frères et sœurs, au juste ? » Ji Hoon pinça les lèvres, faisant de son mieux pour sourire. « J’ai deux frères et deux sœurs. » Oh, une famille nombreuse, incroyable. Il était toujours fasciné par l’intérêt que les gens portaient à cette information, comme si c’était la chose la plus exceptionnelle sur terre. Attendant qu’ils se concentrent à nouveau sur Naoto, Ji Hoon se tourna à nouveau vers son fiancé. « Je sais pas ce qu’on fait là, j’ai pas envie d’être là non plus. Tu peux pas me laisser seul. Tu t’es engagé à pas m’abandonner. » En lui demandant de l’épouser, déjà, et il l’avait promis la veille quand ils en parlaient. Ji Hoon lui avait fait promettre. « S’il te plait. » La voix de la mère de famille coupa la conversation en leur demandant ce qu’ils pouvaient bien murmurer. Elle leur souriait, mais semblait sincèrement intrigué. « On parlait de, hm. Riku. C’est triste d’avoir fait piquer un chien. » Il était encore triste. « Oh, avez-vous des chiens vous-mêmes ? » « Oui, on en a deux. » Les parents semblèrent un peu confus, fixant le couple. « On ? » Ce ne fut qu’à ce moment-là que Ji Hoon tilta, lançant un bref regard à Haruto. « Oui, on. Naoto et moi. C’est tes chiens à toi aussi, Naoto, hm ? Kimyaki et Takochi. » Le regard du petit garçon s’illumina alors qu’il hocha vivement la tête, se tournant vers ses grands-parents pour parler des deux petits chiens avec passion. Atsuko lui lança un regard noir avant de tourner la tête vers son fils. C’était vraiment la pire idée qu’ils avaient pu avoir, ce mensonge.
Hold hands. That’s what you’re meant to do. Keep doing that and don’t let go. That’s the secret.
Que Atsuko vienne avec une telle idée ne le surprenait à vrai dire qu’à moitié. Haruto se trouvait plus idiot de n’avoir rien vu venir, que le fait qu’elle fasse une chose pareille. Qu’elle ose était toute une autre histoire. Ce n’était pas franchement surprenant, même si c’était clairement agaçant. Il ne pouvait blâmer les parents de la jeune femme de s’être fait de faux espoirs en se basant sur les dires des journaux. Après tout, Atsuko leur avait dit – de ce qu’il avait compris – qu’elle ne voyait plus le père et qu’elle voulait tout de même garder le bébé, même seule. De là, il n’était pas difficile de deviner ce que ses parents avaient dû penser, à l’époque. Et s’ils l’avaient rejetée, ils ne pouvaient que craindre que la situation soit encore délicate, même cinq ans après. Car aussi adorable que pouvait être Naoto, cela ne suffirait peut-être pas à réconcilier sa mère avec ses grands-parents. Peut-être que même Ji Hoon devrait un double-jeu malaisant et malsain pour les convaincre d’accepter leur petit-fils. Mais cela n’était pas la solution, et tous trois devaient s’en douter. Espérer se réconcilier en basant ce nouveau départ sur un mensonge était même la pire stratégie à adopter, mais visiblement, Haruto était le seul à y penser.
Il était en colère de voir que Ji Hoon accepta si rapidement l’idée de la jeune mère. Certes, ils faisaient ça pour Naoto, mais c’était tout de même risquer. Et si les parents découvraient que leur fille leur avait menti ? Et s’ils lui en voulaient encore plus, après ça ? Ce serait de leur faute. Et comment expliquer une chose pareille à Naoto ? Ce petit garçon voulait seulement rencontrer son autre mamie et son papy. S’il aimait beaucoup Hua, il avait aussi le droit d’aimer et de se faire aimer par sa grand-mère maternelle. Mais tout ça, Haruto ne sut comment l’exprimer, se disant qu’il était de toute façon trop tard pour mettre au point une autre stratégie, une opération séduction moins dangereuse pour tous. Et puis, Haruto était un peu aveuglé par sa colère. Fâché que Ji Hoon ne proteste pas plus longtemps (pas du tout, même) contre ce que Atsuko venait de leur révéler, il ne cacha rien de sa déception, de son agacement, de sa colère contre lui. Il n’avait pas envie de se montrer amoureux, là, tout de suite. Au moins, cet était d’esprit l’aiderait pour le reste de la soirée. Les sourcils froncés, il le regarda quand il lui répondit, résistant difficilement à son petit sourire séducteur. « Tu arrêtes ça. » Mais Ji Hoon gagnait toujours, même dans des moments comme ça. Et avant qu’ils ne quittent le véhicule, un très léger sourire se logea au coin de ses lèvres.
Celui-ci, malheureusement, retomba bien vite quand il aperçut l’échange entre Ji Hoon et Atsuko. Le voir retirer sa bague fut comme une nouvelle trahison. Cette bague, ils ne l’enlevaient jamais – quitte à se faire des frayeurs, comme lorsqu’ils se baignaient dans la mer et pensaient l’avoir perdu à cause d’une vague, par exemple. De son mieux, le Japonais tenta de faire bonne figure, quand les parents de la jeune femme apparurent. Au moins, ils semblaient rapidement et indéniablement charmés par le petit-garçon présenté par sa mère. Naoto était si adorable, à se présenter d’une façon si bien élevée. Haruto était fier de lui, souriant légèrement, profitant du fait qu’il soit en retrait. Mais bientôt, évidemment, l’attention des parents se porta sur Ji Hoon, qui se présenta bien plus maladroitement que son fils, puis sur lui. Pourquoi cette vieille femme avait crû malin de préciser l’ineptie de sa fille ? Lui n’avait prévu que de se présenter simplement, par son nom et son prénom, (faussement) enchanté, rien de plus. Atsuko pensa malin d’enfoncer le clou de son mensonge. Dire qu’ils répétaient sans cesse à Naoto d’être honnête et de toujours dire la vérité… Cela le dérangeait à vrai dire beaucoup, et il se nota d’avoir une discussion sérieuse avec le petit-garçon à ce sujet. Ce que faisait sa mère, ce soir, ce n’était pas bien, son Paparuto n’approuvait pas du tout. Toutefois, ce dernier décida de faire bonne figure. Pour Naoto, justement, puisque son fiancé et sa mère semblaient être d’accord sur le fait que c’était pour lui qu’ils faisaient ça.
Un petit froid fut lancé à la réponse de la mère concernant le chien de sa fille. Haruto était triste pour elle, bien qu’il ne l’avait pas soupçonnée avoir eu un animal, plus jeune, puisqu’elle l’interdisait à son fils. Il lui demanderait plus tard. Peut-être. Observant la maison d’un œil curieux, le Japonais ne put s’empêcher d’analyser les lieux, essayant de deviner quels genres de personnes étaient vraiment ce couple de retraités. Atsuko n’avait pas vraiment parlé de ses parents, même après leur avoir fait part de cette invitation. Tous d’eux étaient d’anciens employés de la Poste japonaise, lui à distribuer le courrier, elle à rester dans les bureaux jusqu’à la naissance de leur aîné, le grand-frère d’Atsuko qui avait déménagé dans le Sud du pays par amour. Leur maison était modeste, propre et bien rangée. Mais son observation fut dérangée par la scène qui se déroulait devant lui. Naoto faisait sa première grande impression avec ces dessins qu’il avait fait tout exprès pour ses grands-parents. Puisque toute leur attention était tournée vers l’enfant, Haruto en profita pour se rapprocher de Ji Hoon et lui faire part de son envie de s’en aller. Il ne se sentait décidément vraiment pas à sa place, ici. « Tu es avec Naoto et Atsuko. » Devait-il le lui rappeler ?
Toutefois, leur petite dispute ne pouvait pas durer. Le père de la jeune femme s’adressa à Ji Hoon, et Haruto eut une fois de plus l’impression de disparaître et devenir invisible. Il regarda tour à tour son fiancé et le vieil homme qui l’écouta avec attention, puis la mère qui posa des questions plus personnelles. Pourquoi avoir envie d’apprendre à le connaître un peu plus ? Haruto avait envie de hurler et de déguerpir. « Admets que toute cette situation est ridicule, Ji Hoon. On peut peut-être prétexter une urgence ? » Oui, mais laquelle ? Ils ne pouvaient pas admettre vivre ensemble et invoquer un problème dans leur appartement. « Mets toi à ma place cinq minutes... » Haruto avait bien du mal à résister à Ji Hoon. Mais la voix de la mère d’Atsuko les rappela à l’ordre, coupant court à leur discussion. La réponse de Ji Hoon fut toutefois maladroite, coupant le souffle au Japonais qui tenta tant bien que mal de garder un air impassible. Mais son fiancé se rattrapa. Qu’il entraine Naoto dans son mensonge ne plut pas vraiment à Haruto, mais ce n’était pas le moment de râler à ce sujet. Cependant, il put se rendre compte que Atsuko ne semblait pas franchement ravie de l’explication bancale rapidement trouvée par Ji Hoon. Au moins avait-il essayé, se disait Haruto, le tout était que ses parents y croient. C’était le plus important. Ils pouvaient remercier Naoto de parler avant tant d’entrain de Kimyaki et Takochi. Ses grands-parents l’écoutaient avec la plus grande attention, ce qui soulagea Haruto.
Après quelques minutes, la mère s’excusa pour s’éclipser en cuisine et Naoto insista pour l’accompagner, à la grande surprise de son grand-père. « Naoto adore cuisiner, il aime beaucoup observer et apprendre comme ça. » Haruto ne savait pas pourquoi il avait laissé échapper ça. A vrai dire, faire comme s’il ne connaissait rien du petit garçon ne l’enchantait guère, quitte à gâcher sa couverture de simple ami de la famille. Atsuko semblait paniquer. Son père observa Haruto, et ce dernier senti la question venir, décidant de lui couper l’herbe sous le pied et d’y répondre avant même qu’il ne puisse la poser. « Ji Hoon est un bon cuisinier, mieux que dessinateur. Il m’a souvent raconté combien Naoto aime le voir cuisiner. » Le vieil homme parut satisfait de l’explication, même si Atsuko se montra un peu plus tendue qu’avant. Et le commentaire de son père qui suivit n’aida en rien à la détendre. Il affirma qu’il aurait dû s’en douter, car Atsuko n’avait jamais su cuisiner. « Ah, vraiment ? Pourtant, j’ai déjà goûter à sa cuisine, c’est vraiment bon. » Atsuko leva les yeux vers lui, avant de les poser sur son père qui se contenta de hausser les épaules en invoquant l’excuse du fait qu’elle était devenue mère et qu’il était donc primordial qu’elle sache faire des petits-plats. Pour la peine, Haruto plaignait la jeune femme. Le grand-père annonça qu’il allait superviser sa femme, laissant le trio seul dans la salle à manger. « Pas le plus sympa des hommes, ton père. » Atsuko haussa seulement les épaules, se laissant tomber sur le canapé. Haruto se retourna vers son fiancé. « Je vais pas pouvoir faire sembla longtemps, Ji Hoon. Toutes leurs questions… Qu’est-ce qu’on va faire, hm ? C’est vraiment le plus mauvaise de nos idées… » Mais pour le bien de Naoto, ils ne pouvaient pas simplement décider de partir maintenant.
Hold hands. That’s what you’re meant to do. Keep doing that and don’t let go. That’s the secret.
C’était une mauvaise idée. Ji Hoon le savait immédiatement en entendant les paroles d’Atsuko, il n’y avait aucun doute là-dessus. C’était une terrible idée, pourtant, il ne l’avait pas rejeté, pour une raison qui lui échappait à lui-même. il n’avait pas envie de négocier avec elle, et il se disait qu’ils pouvaient, au lieu de mentir, juste éluder et tout irait bien. Peut-être. Le Coréen se disait, un peu naïvement, que le couple allait surtout se concentrer sur Naoto, et éventuellement leur fille qu’ils retrouvaient après des années. Haruto et lui allaient faire office de figurants pendant ces retrouvailles et ça lui allait plutôt bien. Hors de question de trop s’impliquer là-dedans, puisqu’au fond, ils n’avaient rien à avoir avec eux. Ils étaient les grands-parents de Naoto, mais il n’était pas avec Atsuko, concrètement, ils n’avaient aucun réel lien ou raisons de se rencontrer plus que cela. Après cette soirée, il espérait bien ne pas avoir à les revoir de si tôt. Ils vivaient leur petite vie chacun de leurs côtés. Avec Atsuko, il avait été assez clair récemment : ils se voyaient pour Naoto, pour parler de Naoto, et rien que cela. Il voulait évidemment entretenir une relation cordiale avec la mère de son fils, mais il avait bien compris qu’Atsuko pouvait déchanter. Et ça ne devait plus arriver.
Haruto lui en voulait d’avoir accepté. Et il le faisait suffisamment sentir pour que cela soit évident. Ji Hoon lui offrit un sourire maladroit après que ce dernier l’ait repoussé. Atsuko devait se douter des tensions qu’elle avait amené dans le couple, mais elle ne s’en faisait pas trop pour ça, visiblement. Un petit soupir resta coincé au fond de sa gorge en attendant qu’ils sortent. Il put alors sourire son plus beau sourire, et son regard le plus appuyé pour le faire craquer un peu. Haruto n’avait pas le droit de lui résister. Ou prétendre qu’il n’était plus amoureux de lui. Ji Hoon savait qu’il s’agissait d’un mensonge. « Jamais. » Il continuerait toujours d’essayer de le charmer, et de le faire sourire quand il était fâché. Il crut même apercevoir un petit sourire sur les lèvres de son fiancé, quand ils quittèrent le véhicule. Gagné. Retrouvant Atsuko et Naoto, la demande de la jeune femme le dérangea pas, mais il finit par retirer l’alliance sans faire d’histoire, la gardant précieusement dans sa poche. Il la remettrait rapidement. Jamais il ne l’enlevait, elle comptait bien trop à ses yeux. Le symbole de l’amour qu’il portait à Haruto. Que ce dernier lui portait. Une promesse avant d’en faire une preuve d’amour éternelle, dès qu’ils le pourraient.
C’était gênant, il ne savait pas comment se comporter, quoi répondre, quoi faire, surtout. Il avait l’impression que la situation lui échappait clairement. Il devait faire bonne figure, tout en essayant de ne pas être trop présent. Se contentant de répondre ou juste de sourire pour ne pas relancer la conversation. Ça ne lui plaisait pas que Haruto joue le rôle d’ami de la famille. Il aimait quand Haruto jouait des rôles, oui, mais entre les murs de leur chambre. C’était le seul endroit où c’était acceptable, et même vivement conseillé. Ce n’était pas vraiment le moment de penser à leurs échanges coquins, non. Ils devaient se concentrer sur cette visite, admirer les murs de cette maison en laissant la famille se retrouver. Il avait vraiment un pincement au cœur pour ce petit chien décédé. Il espérait que Kimyaki et Takochi vivraient très vieux et s’en iraient paisiblement dans leur sommeil. Mais ça non plus, il ne voulait pas y penser. Surtout quand Haruto venait le faire paniquer en parlant de s’en aller. Il n’avait pas le droit de partir ! Il ne devait pas le laisser ! Ji Hoon avait besoin de lui ici.
« Oui mais j’ai besoin de toi. » Pas de Naoto, encore moins d’Atsuko. Il n’était rien sans le soutient de son fiancé et ce dernier ne pouvait pas le laisser. Cela l’agaçait, qu’on vienne l’interrompre dans sa plaidoirie pour que son fiancé reste avec lui. Il n’avait pas envie de parler de lui, ni de sa famille. Il fit de son mieux pour répondre rapidement, ne donnant pas plus de détails sur la famille nombreuse qu’il pouvait avoir. Ça ne l’avait jamais dérangé. Ça n’avait jamais été un problème pour lui. Il ne savait pas pourquoi ça intéressait. « Si tu as une idée d’urgence amicale… » Un petit sourire se forma sur ses lèvres. Ça allait être compliqué, et cela risquait de couper court à la rencontre, puisque Atsuko et Naoto allaient probablement décider de venir avec eux. Le petit semblait si fier et heureux de les rencontrer, de leur montrer ses jolis dessins… « Je sais que c’est difficile, Baobei. Promis, je trouverai un moyen de me faire pardonner et de te rendre la pareille. » Il avait quelques petites idées pour ça. Et il était certain que Haruto allait les aimer. Leur petit manège avait visiblement attirer l’attention de la mère de famille et le Coréen fit de son mieux pour trouver une excuse. Mais il s’était un peu planté.
Naoto lui sauvait inconsciemment la mise en parlant aussi gaiement des petits chiens. Il adorait Kimyaki et Takochi, rien de bien surprenant et la petite erreur passa inaperçu, ou presque. Ji Hoon n’était pas vraiment préparé à effacer le rôle de Haruto dans sa vie face à des inconnus. Il faisait entièrement parti de son quotidien et c’était frustrant de recommencer à parler en « je » et pas en « nous », comme il le faisait. Habitude agaçante de couple, diraient certains. Observant en souriant Naoto suivre sa grand-mère dans la cuisine, il sourit aux paroles de son fiancé, sans réaliser la confusion que cela semblait amener. Son homme se rattrapa immédiatement, plutôt bien. Visiblement, lui aussi avait son petit talent pour le mensonge. « C’est vrai, il est à toujours à côté et pose pleins de question. C’est juste difficile de faire des pâtisseries avec lui, comme il essaie toujours de manger la pâte et le glaçage… » L’anecdote fit rire le père de famille qui avait visiblement déjà tout oublié de la petite erreur commise. Tant mieux. Le Coréen contint un soupir de soulagement. Il resta silencieux à la remarque du père concernant la cuisine de sa fille. « C’est vrai, Atsuko est une excellente cuisinière. » Il pouvait lui laisser ça, lorsqu’elle avait vécu avec eux quelques jours, elle avait souvent demandé à cuisiner et c’était toujours très bon. Elle cuisinait généralement des plats typiquement japonais, assez simples, mais ils n’avaient jamais eu à se plaindre.
Un long soupir lui échappa lorsqu’ils se retrouvèrent enfin juste tous les trois. Il imita Atsuko en allant s’installer à côté d’elle sur le canapé. Oui, son père n’était pas un homme bien sympathique, il espérait qu’il serait un meilleur grand-père que père. C’était généralement le cas, de ce qu’il savait. « Oui, c’était une très mauvaise idée. » Il lança un regard en coin à Atsuko qui fit mine de ne pas les entendre. « Haruto, encore quelques minutes seulement, d’accord ? Je sais que c’est difficile, mais on peut le faire… » Il ne voulait pas s’éterniser non plus. Ça devenait difficile pour eux, ils étaient très unis et tenaient souvent ensemble. Ils avaient l’habitude d’être proche, quoiqu’il arrive, et c’était un peu compliqué d’agir comme deux simples amis, même si paradoxalement, ils l’avaient été pendant des années. Ils n’avaient jamais eu une amitié ordinaire. « Atsuko, promets-moi que d’ici une heure, on part d’ici. Et tu mettras les choses au clair avec ta famille rapidement. » Cette dernière lui lança un regard avant de doucement hocher la tête. elle-même réalisait que tout cela avait été une terrible idée depuis le début.
Faisant signe à son homme de venir s’installer avec deux, il tendit l’oreille, entendant Naoto rire dans la cuisine, suivit de ses deux grands-parents. Un sourire se forma sur son visage avant de regarder son fiancé. « En tout cas, Naoto a l’air vraiment ravi. Et eux, ils ont l’air conquis. » Atsuko afficha un petit sourire malicieux en lui demandant s’il était surpris. Evidemment qu’il ne l’était pas. Cet enfant était une merveille, il faisait craquer tout le monde, sans exception. S’avançant un peu sur le canapé, il retira sa veste, entendant un objet métallique tomber au sol. « Merde, ma bague. » il posa la veste, s’agenouillant pour la récupérer sous le canapé. A peine l’eut-il retrouvé qu’il entendit un cri. La mère était de retour et appelait son mari, visiblement ému. C’est à ce moment que Ji Hoon prit conscience de sa posture, face à Atsuko, une bague dans les mains. « Non… Non, non, non ! » Il avait eu envie de crier mais ça n’avait été qu’un murmure. Le père fit son retour, l’air visiblement surpris avant qu’un grand sourire ne se forme sur son visage. Il y avait visiblement pire que de ne pas préciser la relation qui l’unissait à Atsuko et faire passer Haruto pour un simple ami. La demander en mariage par erreur, ça dépassait tout.
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Même en colère contre son fiancé, Haruto ne pouvait cacher ses sentiments. Oui, il l’aimait encore, toujours, chaque jour plus fort. S’il était blessé par le fait que son fiancé accepte si rapidement l’idée de Atsuko, cela ne voulait pas dire pour autant qu’il l’aimait moins. Cela signifiait simplement qu’il était fâché et n’approuvait pas. Cela arrivait à tous les couples, même les meilleurs, et ils en étaient la preuve. Alors, oui, Haruto montra un léger signe de faiblesse devant le sourire charmeur de son fiancé, mais il reprit son air ennuyé dès qu’il mit un pied hors de la voiture. L’air s’était grandement rafraichi, ces dernières semaines, ce qui lui donnait une excuse pour avoir l’air coincé dans sa veste, au moins le temps qu’ils se retrouveraient sur le perron de la petite maison des grands-parents de Naotp. Dépité, il assista à l’échange entre Ji Hoon et Atsuko, concernant la bague de fiançailles qu’il portait – évidemment – toujours à son annulaire gauche. Et il observa sans pouvoir faire grand-chose Ji Hoon la retirer de son doigt pour la cacher dans l’une de ses poches. Haruto comprenait les raisons avancées par Atsuko, mais ne pouvait cacher sa désapprobation. C’était déjà bien assez dur comme ça, mais il savait qu’il devrait faire preuve de patience, et de beaucoup de maîtrise de soi.
La rencontre avec les grands-parents du petit garçon se déroula plutôt bien, si l’on omettait sa présentation un peu forcée et bancale. L’avaient-ils remarqué ? Haruto n’y mettait pas vraiment du sien, faisant preuve d’un manque de volonté clair à celui qui se méfiait. Mais, visiblement, le mensonge qu’il personnifiait ce soir était crédible, aux yeux du couple. Tant mieux, à vrai dire. On ne lui posa pas plus de question. Peut-être que s’il passait pour un type antipathique, on ne se dérangerait pas plus que ça à lui parler ? C’était ce qu’il espérait, et se disait que ce serait sa stratégie, alors qu’il mettait les pieds dans la maison des parents de Atsuko. Après tout, il était ici celui qui n’avait strictement rien à voir avec eux, donc il se fichait pas mal de l’image qu’il pouvait avoir, à leurs yeux. Il n’avait pas couché avec leur fille et fait un enfant sans le savoir. S’il était là, c’était parce qu’il était le compagnon du vrai coupable, mais ça, il devait le cacher. Alors à quoi bon faire des efforts ? Tant qu’il jouait le rôle que Atsuko lui avait choisi pour la soirée, tout pouvait bien se passer. C’était en tout cas ce qu’il ne cessait de se répéter inlassablement, mais il peinait à se convaincre lui-même. Non, il ne se sentait pas bien, un malaise commença rapidement à le gagner. Il ne pouvait pas rester, il devait s’en aller.
Toutefois, Ji Hoon avança son argumentaire, et Haruto eut beaucoup de peine à ne pas flancher. La bouche tordue dans une grimace, il essaya tant bien que mal de résister. Besoin de lui, hm ? Mais pour quoi, exactement ? Certes, ils s’étaient toujours promis de se soutenir mutuellement, mais ni l’un ni l’autre n’avait jamais envisagé ce cas de figure – à très juste raison, d’ailleurs. Qui aurait pu s’imaginer se rentre chez les parents d’une ex petite-amie qu’il aurait mise enceinte quelques années plus tôt ? Pas Haruto, en tout cas, mais c’était bien le cas. Cela se passait actuellement, sous ses yeux. Il avait la désagréable impression de n’être qu’un figurant dans une pièce de théâtre qu’il n’avait pas choisi. « Tu dois réparer ma tuyauterie, tu es très doué pour ça. » Mais était-ce là seulement une véritable excuse amicale, ou un sous-entendu très douteux de sa part ? Haruto était légèrement tenté de la balancer au couple, pour voir s’ils réagissaient ou non. Cependant, il savait très bien qu’il ne pouvait pas faire ça. Ses yeux se posèrent sur Naoto qui semblait si heureux de se retrouver là. Il ne pouvait pas l’abandonner comme ça, ici. Il était si heureux de leur montrer ses œuvres. Il aimait qu’on lui porte de l’attention, et celle de ses grands-parents semblait le ravir au plus haut point. « J’espère bien ! Et je veux que tu te fasses pardonner dès qu’on sera rentrés. » Et du coup, il réalisa combien il espérait alors que cela arriverait vite.
Heureusement pour eux, la mère de Atsuko les coupa avant qu’ils ne se mettent à fantasmer un peu trop sur le genre d’excuse que Ji Hoon pourrait apporter à Haruto. Si son fiancé commis une légère erreur, celle-ci pouvait s’avérer fatale. Mais encore fallait-il que les grands-parents de Naoto soupçonnent quelque chose, et cela ne semblait pas être le cas. Ils semblaient plus intrigués par Ji Hoon en tant que personne. Des questions personnelles, par-ci par-là, l’air de rien. Heureusement, Ji Hoon resta vague, n’entrant pas dans les détails. De façon détournée, il faisait comprendre qu’il ne voulait pas trop en dire sur lui. Après tout, il ne voulait pas entrer dans leur vie, mais qu’ils fassent partie de celle de Naoto. C’était pour lui qu’ils étaient là, et personne n’avait le droit d’oublier. Voilà pourquoi Haruto prit sur lui, oubliant son plan de ne pas se mêler à la conversation s’il n’en était pas expressément obligé, et il parla de Naoto. Il avait de la chance de ne pas être le dernier des menteurs, se montrant même étonnamment à l’aise de la supercherie. Quand il le voulait, il pouvait faire preuve de coopération, même pour des plans foireux comme ceux de Atsuko. Il était plutôt fier de constater que sa complicité avec Ji Hoon se manifestait même dans ce genre de moment, puisqu’il valida ses dires immédiatement. « Leurs pâtisseries sont excellentes, cela dit. » Il sourit à Naoto qui approuva en hochant la tête. Le père manifesta son envie d’y goûter, avant de faire un commentaire peu agréable sur sa fille. Bizarrement, il défendit Atsuko, là encore une fois soutenu par Ji Hoon. Ils formaient vraiment une belle équipe.
Désormais seul avec Ji Hoon et Atsuko, Haruto pouvait un peu souffler. Toute cette situation tendait ses nerfs au maximum, et il se demanda s’il pouvait vraiment tenir une soirée. « Elle prépare quelque chose dans la cuisine, si ça se trouve, ils vont nous inviter à dîner avec eux, Ji Hoon. » Ce ne serait plus alors une question de minutes – ou celles-ci seraient alors très longues. Quand Ji Hoon lui parla, Atsuko sembla hésiter. Si elle hocha la tête suite aux paroles du Coréen, elle poussa ensuite un bref soupir. « Haruto n’a pas tort, cela dit, pour l’invitation à dîner. » Il était donc bien possible que ses parents leur demandent de rester un peu plus longtemps que prévu. Haruto se passa une main sur le visage, avant de rejoindre Ji Hoon. Il avait tellement envie de le prendre dans ses bras, de se coller à lui, de l’embrasser ! Mais c’était tout bonnement impossible. Il sourit toutefois aux remarquer de son fiancé concernant Naoto. Il avait raison, le petit-garçon paraissait ravi d’être là, et ses grands-parents étaient évidemment tombés sous son charme. « Atsuko a raison, ça ne devrait pas nous surprendre. Il devrait faire carrière en politique. » Un léger rire lui échappa. Il plaisantait, évidemment. Hors de question d’en faire un politiqué véreux, et surtout de décider de son avenir professionnel pour lui. Un bruit métallique pas inconnu lui fit reposer les yeux sur Ji Hoon, alors que ceux-ci étaient brièvement occupés à observer encore la décoration des lieux. « Qu’est-ce que tu fabriques ? » Mais son léger sourire disparut aussi vite qu’il s’était logé dans le coin de ses lèvres. Sa bague ? Venait-il de perdre sa bague de fiançailles ? Se redressant, il l’observa la chercher, soulagé de le voir la retrouver.
Le cri de la mère les fit tous sursauter. Le regard du Japonais navigua de celui de la mère à ce que cette dernière observait. La bague que tenait Ji Hoon, tourné vers Atsuko qui ne savait visiblement pas comment réagir en pareille situation. Haruto écarquilla les yeux, fixant son homme, jusqu’à ce qu’une petite voix s’élève dans la pièce. Naoto se fraya un chemin jusqu’à son père, avant de l’interroger. Allait-il se marier avec sa maman ? « Non ! » Ce fut un cri du cœur de la part du psychiatre. Evidemment, toute l’attention fut tournée vers lui. « Haruto… » Le père demanda sévèrement pourquoi il se permettait de réagir. Haruto ouvrit la bouche, avant de la refermer sans rien dire. « Il ne peut pas la demander en mariage. Il y a quelqu’un d’autre dans sa vie. » Un ange passa. Le silence dura quelques secondes, avant que la mère n’éclate de rire, levant les mains en l’air en affirmant qu’elle le savait, qu’elle l’avait bien deviné. Naoto regarda chacun des adultes sans comprendre. Atsuko semblait tout aussi perdue que lui. La mère s’approcha de Haruto, écartant les bras pour le serrer contre lui. « Vous vouliez nous ménager, n’est-ce pas ? Nous nous sommes trompés et vous aviez peur de nous décevoir ? » Haruto paniqua, ne sachant s’il devait répondre ou pas. « C’est vous qui sortez avec ma fille, n’est-ce pas ? Je trouvais ça étrange qu’un simple ‘ami’ les accompagne. » Naoto fronça les sourcils, ouvrant la bouche pour répondre, mais sa mère fut plus rapide. « Oui c’est ça, maman. Pardon de ne pas l’avoir dit. » Elle attrapa la main de Haruto, et quand leur regard se croisèrent, ce dernier put y lire de la supplication. « Je… » Son regard tomba alors dans celui de son fiancé. « Désolé, Ji Hoon. » Parce que toute cette situation lui échappait clairement.
Hold hands. That’s what you’re meant to do. Keep doing that and don’t let go. That’s the secret.
Haruto l’aimait, ert ça Ji Hoon le savait parfaitement. S’il craignait un peu sa réaction aujourd’hui, à la fin de cette visite, il savait que ce dernier ne pouvait pas prétendre ne plus être amoureux pendant trop longtemps. Qu’il n’oublie pas qu’ils étaient un couple insupportable, qui mettait souvent mal à l’aise, à s’aimer autant et se montrer terriblement niais. Ils se contenaient devant Atsuko, mais elle n’était pas ignorante du couple fusionnel qu’ils formaient. Leur demander de prétendre qu’ils n’étaient que deux simples amis, c’était cruel. Ji Hoon était tendu, après avoir retiré sa bague de fiançailles, plus encore devant ces inconnus qu’il ne connaissait pas et lui posaient des questions auxquelles il n’avait pas envie de répondre. Heureusement, Naoto était là pour les distraire, attirer l’attention sur son adorable bouille. Ils étaient là pour lui. Pour qu’il fasse connaissance avec une partie de lui, de ses origines. Il avait un regard ému sur la scène qui se déroulait devant lui, les sourires des parents d’Atsuko, celui de cette dernière, mais plus encore celui de leur fils, qui rayonnait de bonheur. Il n’avait pas arrêté d’en parler et il pouvait enfin les rencontrer, pouvait enfin leur parler et raconter ses petites aventures avec fierté.
Evidemment, il comprenait le malaise de son fiancé. A sa place, il aurait également eu du mal avec la situation et n’aurait pas su où se placer, ni comment réagir et où se positionner. Cependant, Ji Hoon se montra égoïste. Il avait besoin de lui ici. Probablement parce qu’il avait la ferme impression que s’ils n’étaient que tous les trois, cela rendrait la rencontre plus officielle. Qu’ils formeraient cette famille standard que les deux anciens attendaient. Le Coréen voulait que Haruto face toujours parti de ce genre d’évènement. Ils étaient ensemble, toujours, quoiqu’il arrive. Même s’ils n’étaient pas encore mariés, ils étaient ensemble, pour le meilleur, comme pour le pire. Et ils avaient déjà vécu bien pire que cette rencontre aujourd’hui. Le Coréen était prêt à le remercier et le lui rendre comme il le souhaitait, même s’il devait enfiler sa petite tenue de plombier. Un léger sourire flotta sur ses lèvres alors qu’il lança un regard en coin à Haruto. « Ce serait une excuse tout à fait valable. Je suis le meilleur pour m’occuper de ta tuyauterie. » C’était un peu sale, mais ils aimaient un peu trop ces petits jeux. Qu’on vienne les interrompre ne les empêcha pas de continuer ensuite. Haruto s’aventurait dans un jeu dangereux et ils allaient devoir vraiment finir par s’absenter. « Oui. On aura même pas le temps d’aller jusqu’à la chambre. » Il comptait bien ne pas perdre une minute, une fois la porte de l’appartement refermée.
Il avait retenu son souffle après sa petite erreur, mais cela sembla être bien rapidement oublié, grâce à Naoto qui ne tarissait pas de compliments et d’anecdotes pour parler des deux petits chiens qu’il avait dans sa seconde maison. C’était tant mieux. Il faisait de son mieux pour ne pas donner trop d’informations le concernant, pour répondre à la question sans rien ajouter de plus, s’arrêtant strictement à ce qu’il se disait. Silencieux, il écouta son fiancé évoquant l’intérêt de Naoto pour la cuisine. Le petit garçon était d’un naturel très curieux, mais la cuisine était vraiment quelque chose qu’il adorait. Ji Hoon approuva les dires de son homme, en ajoutant quelques détails qui amusèrent le petit. Il adorait mettre ses petits doigts dans la préparation des gâteaux. Le petit garçon était très fier de recevoir des compliments de la part de son Paparuto, hochant fièrement la tête. généralement, ils pâtissaient tous ensemble, même si Haruto observait parfois simplement, ou s’il faisait ce qu’il faisait le mieux ; les glaçages. Il parvenait à faire de jolies petites présentations qui rendaient le tout encore meilleur. Cependant, il s’agissait de choses qu’ils ne pouvaient pas dire et c’était terriblement frustrant.
Le père d’Atsuko ne semblait pas être l’homme le plus sympathique qui soit, et ce fut presque avec soulagement qu’il le vit s’en aller dans la cuisine. Ji Hoon se laissa tomber sur le canapé à son tour, profitant de quelques minutes de répit où ils pouvaient à nouveau librement parler. Une heure encore, grand maximum. Ji Hoon en avait assez de tout ça. Et il avait une promesse à tenir envers son fiancé, même s’il ne pouvait pas le dire à la mère de son fils. Ses yeux s’écarquillèrent à la remarque très pertinente de Haruto. « Oh non ! » Il ne voulait pas rester encore des heures ici. Les repas pouvaient toujours s’éterniser. Il espérait que Haruto avait tort, mais qu’Atsuko semble le voir venir également inquiétait vraiment Ji Hoon. Il n’avait pas d’excuses pour refuser. Naoto leur en voudrait, lui qui était en opération séduction pour gagner les cœurs de ses deux grands-parents. Il y était déjà parfaitement arrivé. Il sourit un peu quand ce fut désormais au tour de son fiancé d’approuver les paroles d’Atsuko. Décidément, ces deux-là semblaient avoir enterré la hache de guerre. Tant mieux ?
Sa bague de fiançailles. Elle était tombée ! Il devait la retrouver, au plus vite. L’idée qu’il puisse la perdre ici le faisait trembler. Le regard concerné de Haurto lui mettait la pression, mais il fit de son mieux pour la retrouver rapidement, tâtonnant sous le canapé jusqu’à finalement remettre sa main dessus. Il avait eu si peur de la perdre pour toujours. Le cri de la mère d’Atsuko l’effraya et il prit conscience de la position étrange qu’il avait. Non… Non, ce n’était pas ce qu’il voulait. Le cri de son fiancé le fit paniquer un peu plus, surtout quand il se fit rappeler à l’ordre. Qu’est-ce qu’il faisait ? En même temps, il fallait bien quelqu’un fasse quelque chose, puisque Ji Hoon était incapable de trouver comment se sortir de tout ça, et trouver une excuse plausible. Dire que sa bague de fiançailles étaient tombées, cela apporterait trop de questions. Mais il n’était pas certain que l’intervention de Haruto avait été la meilleure idée. Sans doute pas, finalement. Le rire de la mère d’Atsuko laissa planer un blanc. Qu’est-ce qui se passait encore ? Qu’avait-elle deviné, cette idiote ? Penaud, il la regarda prendre son fiancé dans ses bras, écoutant son raisonnement, des plus stupides, mais pas totalement, à vrai dire. Sa bouche s’ouvrit, il secoua la tête, sourcils froncés. « Hein ? »
Mais ça devenait n’importe quoi ! Lui qui sortait avec sa fille ? Atsuko allait mettre combien de temps, avant de démentir et d’éventuellement dire la vérité, avant que tout le monde ne s’emballe ? Il était encore à genoux par terre et se demandait bien s’il n’était pas en train de faire un mauvais rêve. Elle venait bien de confirmer, là ? Sa bouche s’ouvrit en voyant qu’elle prenait la main de son fiancé. Et que ce dernier se laissa faire. Mais il se foutait de lui, lui aussi ? Il vit Naoto regarder la scène, à la fois confus et perdu. « Mais Maman… » Ses yeux se posèrent sur son fils, il sortit son téléphone portable, retrouvant le jeu qui avait rendu l’enfant complètement accro. « Mon chéri, tu peux finir ce niveau pour moi ? Je suis coincé, et tu es meilleur que moi. » Naoto le fixa d’un air incertain, et Ji Hoon insista pour qu’il prenne le téléphone, lui faisant signe d’aller s’asseoir plus loin. Attendant qu’il se soit éloigné, il attrapa la main de son fiancé pour la dégager de celle d’Atsuko. « Maintenant ça commence à bien faire. Je veux bien que tu omettes la vérité, mais pas que tu t’inventes des trucs juste pour faire plaisir à tes parents. » Non, il ne jouait plus ce petit rôle, il était d’accord de ne pas préciser qu’ils n’étaient pas ensemble, mais pas de jouer le rôle du petit-ami. Et il refusait d’autant plus que son fiancé assume ce rôle. « Tu penses un peu à Naoto ? A ce qu’il doit se dire quand il voit ce genre de trucs ? » Il n’en avait rien à faire que les parents d’Atsuko assiste à la scène. Et pour Haruto, il serrait son poignet assez fort pour qu’il comprenne bien qu’il était en colère contre lui aussi. « C’est à lui que tu dois penser, au lieu de vouloir rattraper les années perdues et passer pour la fille parfaite. » Ji Hoon se redressa légèrement, faisant de son mieux pour se calmer. Il relâcha négligemment la main de son fiancé. « Et toi, on en discutera ce soir. » La promesse énoncée plus tôt n’était clairement plus d’actualité. « Sérieusement Atsuko, reprends-toi. Tu peux mentir à qui tu veux, sur ce que tu veux, mais certainement pas devant Naoto. » Et après, il allait être encore plus confus et perturbé, déjà qu’il y a peu, il avait eu du mal à accepter que ses parents n’étaient pas ensemble. « On rentre. » Ji Hoon se releva pour attraper son manteau, sans accorder le moindre regard aux parents. Hors de question qu’il reste ici une minute de plus.
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Devait-il réellement être ici ? Pour la première fois depuis que Naoto était entré dans leur vie, Haruto se disait très sincèrement ne pas avoir sa place. Certes, il voulait être une figure paternelle pour le petit garçon, mais ce soir, ce n’était pas vraiment de ce rôle dont il serait question. Pire, on lui en avait donné un autre, un qui ne lui allait pas du tout, mais qu’il devait assumer jusqu’au bout. Combien de temps exactement, il ne saurait le dire. D’après Atsuko, ce ne serait qu’une rencontre de courtoisie, une sorte de premier contact après tout ce temps. Le Japonais n’avait pas voulu s’en mêler plus que nécessaire, se disant que Ji Hoon mettrait de toute manière les limites avec elle. Qu’elle souhaite qu’il soit là avait eu un semblant de sens, pour le Japonais, mais il ne s’était pas douter un instant du pourquoi exactement les parents de la jeune femme voulaient qu’il soit là. Il était très certainement normal qu’ils souhaitent le rencontrer, surtout s’ils le savaient en bon terme avec leur fille et leur petit-fils, mais ils s’étaient un peu trop emballés sur la relation qui les unissaient, et c’était bien là tout le problème. De plus, ils devaient se demander ce que lui faisait là, cet ami qui avait permis qu’ils se retrouvent. Haruto détestait Atsuko, à ce moment précis. Il détestait ce couple, également. Il ne voulait pas faire partie de leur vie, mais c’était important pour Naoto, et donc pour lui.
Il voulait donc bel et bien faire cet effort. Pour Naoto, mais aussi pour Ji Hoon. Il devinait sans mal que sa position ne devait pas être la plus agréable, actuellement. S’ils restaient en retrait, ils ne pouvaient se permettre d’omettre la présence des quatre autres personnes dans la pièce. Toutefois, il semblait bien que ce soit plus fort qu’eux, et les voilà à comploter ensemble, à se faire des promesses coquines qu’ils avaient tous les deux hâtes de tenir. Bien évidemment, ils y allèrent tous deux volontiers de leurs petits sous-entendus qui ne trompaient personne – à condition que l’on surprenne leur conversation. « Oui, c’est vrai. Il n’y a pas mieux que toi pour ça, et je ne laisse de toute manière personne d’autre y toucher. » Mais ça, Ji Hoon le savait, bien sûr. C’était même une évidence. Au moins, Haruto ne pouvait dire que son fiancé le laissait tomber et ne le retienne pas. Même la perspective de s’être faits surprendre ne sembla pas les effrayer. Il fallait dire que Ji Hoon connaissait ses arguments pour le convaincre de ne pas appeler le premier taxi pour rentrer sur Tokyo. « J’espère que c’est une promesse. » En tout cas, lui comptait bien sauter sur lui à peine se retrouveraient-ils seuls chez eux, dans leur appartement. Ils devaient encore profiter des lieux, tant qu’ils le pouvaient.
Et pour la peine, Haruto se montra volontaire pour jouer le jeu du simple ami de la famille. A vrai dire, même s’il n’était pas à l’aise de se retrouver ici, il ne voulait pas saboter les retrouvailles entre Atsuko et ses parents, et encore moins cette rencontre entre Naoto et ses grands-parents. Le petit garçon avait le droit d’être choyé et aimé par ces gens, qui voudraient à coups sûrs eux aussi rattraper le temps perdu. Il fallait donc parler de l’enfant avant tout, leur expliquer combien il était curieux et débrouillard pour son âge, intelligent et malin. Se montrait-il un peu trop fier, pou un simple ‘ami de la famille’ ? Haruto ne saura le dire. Sur le moment, tout ce qu’il avait en tête était son désir que le petit garçon trouve ces grands-parents qui lui avaient manqué durant cinq ans. Ces derniers semblaient fiers – comment pouvait-il en être autrement ? – et c’était très un bon signe pour la suite. Sa grand-mère, tout particulièrement, qui voulait visiblement partager sa passion de la cuisine avec lui. Le commentaire du père gâcha un peu la bonne ambiance encore fragile qui s’installait. Heureusement, il laissa les trois jeunes gens entre eux, leur accordant un répit bienvenu. « Si c’est vraiment le cas, ce sera malpoli de refuser… » Ji Hoon pouvait montrer toute la désapprobation du monde, c’était là la vérité. Atsuko aquesça, et Haruto posa sur son fiancé un sourire navré. Ça ne l’enchantait guère, mais il savait qu’il devait faire bonne figure.
Etait-ce la perspective de passer une soirée avec les parents de son ex-petite amie qui perturba Ji Hoon à ce point ? Haruto avait de suite su qu’enlever cette bague était un mauvais signe, mais à ce point ! S’il y eut la frayeur de la perspective d’avoir perdu sa bague de fiançailles, la suite fut bien pire. Le Japonais avait l’impression de vivre une scène typique d’un drama pour bonnes-femmes, lui qui s’était convaincu que ce genre de quiproquo ne se passait pas dans la vie réelle ! Evidemment, la mère de la jeune femme choisit ce moment précis pour revenir dans la pièce, laissant exploser sa joie et sa surprise, pour le malheur de tous. Il devait mettre fin à cette mascarade ! Son cri du cœur fut toutefois peut-être un peu trop impliqué, et si ses explications étaient sincères, elles étaient surtout bancales, menant à encore plus de quiproquos, à en croire ce qui suivit. Et la mère de la jeune femme plongea tête la première dans cet océan d’incompréhension, y tirant rapidement ses propres conclusions, évidemment fausses. Quand elle le prit dans ses bras, Haruto lança un regard de détresse à Ji Hoon, mais également à Atsuko qui ne prenait pas la peine d’intervenir. Pire ! Alors que même Naoto s’offusquait à côté de sa mère, cette dernière valida précipitamment les propos stupides et erronés de sa propre mère.
Et lui ? Que trouvait-il de mieux à faire ? S’excuser auprès de Ji Hoon ? C’était d’un ridicule ! A vrai dire, Haruto était purement et simplement pris de court par l’enchainement des événements, et était totalement perdu, comme s’il ne comprenait pas ce qu’il se passait exactement. S’il s’était excusé, c’était pour avoir gâcher leur couverture, mais il se doutait que les parents de Atsuko ne l’ait pas compris de cette façon. Et celle-ci en avait purement et simplement profité. Même Naoto ne semblait pas très d’accord avec la scène qui se jouait sous ses yeux. Ji Hoon trouva un excuse pour l’éloigner de cette conversation d’adultes, et Haruto put deviner combien il était en colère rien qu’à le regarder. Et la suite le lui confirma. Se laissant attirer vers son fiancé, il lâcha la main de la jeune femme, serrant de l’autre la main de Ji Hoon, avant que celle-ci ne remonte sur son poignet. En face d’eux, la pauvre Atsuko paraissait tétanisée. Le Japonais n’osa poser les yeux sur les parents de cette dernière. Ceux-là ne devaient rien comprendre à la scène qui se jouait sous leurs yeux. Ji Hoon était en colère, et il le faisait clairement comprendre. Atsuko baissait les yeux, sans rien dire, murmurant de simples excuses. « Ji Hoon, s’il te plait, calme-toi… » Mais Haruto pouvait prendre la voix la plus douce qu’il soit, cela ne marcherait sans doute pas. Un sourire blessé tira ses traits, quand Ji Hoon le lâcha. Ses yeux se posèrent alors sur Atsuko qui s’était rassise, son visage enfoui dans la paume de ses mains.
« Mais… Je ne comprends pas. Que se passe-t-il ? » Haruto posa enfin les yeux sur les parents de la jeune femme. Le père se tenait derrière sa femme, le regard sévère, la mine renfermée. Mais la mère, elle, se faisait clairement du souci pour sa fille. Elle s’avançait d’ailleurs vers elle, quand Haruto prit la parole, ignorant Ji Hoon récupérant sa veste. « Votre fille et Ji Hoon ne sont plus ensemble, s’il est revenu dans sa vie, c’est pour Naoto avant tout. Il ne savait pas qu’il avait un fils. On ne savait pas. » La mère posa sur lui un regard confus. Il ne saurait dire s’il en était de même pour le père, ce dernier le rendait bien trop mal à l’aise comme ça. Mais Haruto était lancé. « Cette bague de fiançailles n’est pas pour Atsuko. Elle appartient à Ji Hoon. C’est sa bague. C’est une bague de fiançailles, parce que je l’ai demandé un mariage. » La mère retint un cri de surprise derrière sa main. « Si on est là ce soir, c’est pour Naoto, mais aussi pour votre fille. On savait combien il était important pour elle de vous retrouver, et de vous présenter son fils. Naoto mérite que vous preniez le temps de le connaître. » La grand-mère accusa le coup. « Alors, tu nous as menti ? » Atsuko ne put qu’acquiescer en silence. Le père les interrompit, signalant qu’ils pouvaient s’en aller, sans faire le moindre commentaire supplémentaire. Après une hésitation, Haruto décida de suivre Ji Hoon dehors, alors que Atsuko préparait Naoto – c’était aussi un moyen de leur laisser une dernière chance avec eux, mais aussi de se retrouver seul avec Ji Hoon. « Tu veux bien te calmer cinq minutes ? Atsuko a paniqué, et moi je n’ai rien compris à ce qu’il se passait. » Et il était sincère. « Tu n’étais pas obligé d’être aussi dur avec elle, même si tu n’as pas tort. » Lentement, il tenta une approche, craignant de se faire repousser. « Et s’ils refusent de voir Naoto maintenant, hm ? » Ce serait terriblement cruel, mais certainement pas étonnant. Ji Hoon et lui avaient déjà pu constater que le monde n’était pas toujours très juste.
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Comment pouvaient-ils se faire passer pour deux simples amis ? Généralement, on réalisait assez vite que ces deux hommes n’entretenaient pas qu’une relation amicale. Il y avait les regards, les sourires, la façon dont ils se parlaient, cette attraction évidente entre eux. Ji Hoon savait que cela passait rarement inaperçu, et qu’ils allaient devoir faire en sorte de corriger un peu ce comportement pour ne pas se faire (trop vite) démasquer. Comment cacher l’amour qu’il portait à cet homme ? Comment prétendre qu’ils n’étaient pas fous l’un de l’autre ? Qu’ils n’étaient pas fiancés ? Qu’il n’y avait pas une maison qui allait bientôt être prête pour eux, dans laquelle ils avaient créé un véritable nid d’amour ? Atsuko réalisait-elle combien cela était compliqué pour eux ? Parce que ça l’était, définitivement. Ji Hoon se sentait mal à l’aise, bien droit dans ce salon, à côté de Haruto. Il avait envie de lui attraper le bras, de tenir sa main, de se reposer un peu contre lui, attendri par la scène qui se déroulait devant eux. Parce que c’était adorable, de voir Naoto faire la connaissance de ses grands-parents, qui leur présentait ses jolis dessins. Il était tellement fier, le plus mignon des petits garçons, c’était définitivement lui.
Et si on les entendait parler, là, tout de suite, on se douterait bien de la relation qu’ils entretenaient. C’était forcément plus fort qu’eux, les sous-entendus, les promesses, l’air de rien, pour se motiver à tenir le coup et se dire qu’ils avaient de quoi se raccrocher. Quelques heures, et ils allaient pouvoir se retrouver comme il se devait. Pour s’occuper de la tuyauterie, en bon plombier que Ji Hoon pouvait être. « Personne d’autre n’a le droit d’y toucher. » C’était ferme et catégorique. De toute manière, Haruto savait qu’il était à lui et juste à lui, qu’il n’avait pas le droit d’aller voir ailleurs. Cependant, le Coréen faisait assez confiance à son fiancé sur ce point et ne s’inquiétait pas trop. « Evidemment, que c’est une promesse. » Un petit sourire se logea sur ses lèvres en le regardant, pas vraiment perturbé après qu’on les ait interrompus. Ils retrouvaient toujours facilement leur petit nuage, la petite bulle qui les enveloppait. Ils en avaient besoin, pour supporter les situations qui leur déplaisaient. Comme celle qu’ils devaient vivre, là, tout de suite, face aux parents d’Atsuko qui semblaient un peu trop intéressés par des détails qui n’avaient pas la moindre importance : ce qui comptait aujourd’hui, c’était Naoto.
Les voir s’absenter leur offrit un peu de répit. Le père d’Atsuko était désagréable. Définitivement pas une personne qu’il avait envie de revoir régulièrement. La mère non plus, elle ne lui inspirait rien, en réalité. A ses yeux, tout ce qui comptait, c’est qu’ils traitent bien Naoto. Qu’il soit heureux quand il irait les voir. Ji Hoon ne comptait plus revenir avec lui. Chacun sa famille, Atsuko devait le comprendre ensuite. Il n’irait pas demander à cette dernière d’accompagner le petit voir sa mère, il espérait bien que cette dernière n’ait pas l’idée de le faire avec sa famille. Il refuserait de toute façon. « Oui, je sais. On pourrait pas vraiment refuser, hm ? » Sauf s’ils trouvaient une autre idée, quelque chose pour s’enfuir. Mais ils devaient tenir bon, au moins pour que Naoto puisse faire connaissance avec eux, qu’il sache qui était son grand-père et sa grand-mère maternelle. Il semblait déjà bien s’entendre avec eux, et assurément, ils avaient été charmé par ce petit bonhomme. Ce grand garçon de cinq ans. Qui ne le serait pas ? Ji Hoon et Haruto n’avaient pas mis longtemps avant d’être fou d’amour pour le garçonnet. C’était leur fils, et ils feraient tout pour lui.
Qu’ils avaient été naïfs, tous les trois, à penser que tout irait bien ici. Non, évidemment que ça n’irait pas comme prévu, qu’il y avait forcément quelque chose qui allait tout faire déraper : le karma ne les oubliait jamais. Forcément, il avait eu le malheur de retirer sa bague de fiançailles, quelque chose devait arriver. Et qu’il se retrouve à genou devant Atsuko était probablement le pire des scénarios. Encore plus quand sa famille tombait sur lui dans cette position. Que pouvait-il faire ? Que pouvait-il dire ? Haruto avait été plus rapide que lui, attirant l’attention sur un tout autre problème, que le Coréen n’avait même pas envisagé. Comment cette femme pouvait-elle sortir cette logique ? Que Haruto était avec Atsuko ? Bon, ok, Ji Hoon voyait à peu près d’où elle avait trouvé ça. Il était vrai que la situation en elle-même était des plus étranges. Il aurait espéré que les deux intéressés nient immédiatement, mais c’était une scène surréaliste qui se joua devant lui. Atsuko venait bien de confirmer ? En prenant la main de Haruto ? Et ce dernier ? Il se contentait de garder sa main dans celle de la jeune femme, sans la reprendre ? C’était une plaisanterie ? Ji Hoon avait du mal à y croire, retrouvant ses esprits à la petite protestation de Naoto.
Son téléphone remis à l’enfant pour qu’il puisse s’éloigner un peu et en pas être mêlé à ça, Ji Hoon ne perdit pas une seule seconde pour récupérer la main de Haruto et la dégager de celle d’Atsuko. Il n’y avait que lui qui avait le droit de lui tenir la main. Et il ne lâcha pas son poignet, d’ailleurs, le serrant assez fort pour que son fiancé comprenne qu’il ne devait plus laisser une autre personne lui prendre. Toutefois, il devait mettre sa jalousie de côté, pour le moment, il était avant tout scandalisé par le comportement d’Atsuko devant son fils. Comment pouvait-elle faire ça ? Qu’allait-il pensé ? Il devait déjà prétendre que Haruto n’était qu’un vulgaire oncle, et maintenant, sa mère le décrivait comme étant son petit-ami ? C’était du grand n’importe quoi et Ji Hoon ne pouvait l’accepter. Les mots quittaient ses lèvres sans qu’il ne puisse le contrôler, accablant la mère de famille de reproche, se foutant bien de ses excuses. Elle était allée trop loin. Il n’en avait que faire, qu’elle mente à ses parents quand Naoto n’était pas là. Mais devant lui, c’était inacceptable. « Non, je veux pas me calmer, Haruto, c’est allé trop loin. » Il devait aussi penser à la protection de Naoto. Etait-il devenu fou ?
Ils allaient rentrés. Se redressant pour prendre sa veste, il ignora les questions des parents. Il écouta Haruto expliquer la situation, posant un regard discret sur lui. Non, ils ne savaient pas qu’ils avaient un fils. Que Ji Hoon avait mis Atsuko enceinte il y a des années. Et c’était uniquement pour cela qu’ils la fréquentaient aujourd’hui : Naoto. Ses yeux se posèrent sur la bague qu’il portait à nouveau à son doigt. La bague qui symbolisait l’amour qui les unissait, que Haruto lui avait donné lors de la plus belle demande en mariage que Ji Hoon avait pu rêver. Il frissonnait parfois encore en y pensant, sentant son cœur s’emballer dans sa poitrine. Oui, Naoto méritait qu’ils prennent le temps de le connaître, sans se focaliser sur la vie sentimentale d’Atsuko. Mais ça, c’était probablement trop demandé. Sans attendre, il quitta la maison, pour les attendre non loin de la voiture. Ça n’avait pas duré longtemps. Ça apprendrait à Atsuko, à mentir pour des raisons stupides. Son regard se posa sur son fiancé qui arriva vers lui. Lui demander de se calmer, la meilleure idée s’il voulait l’énerver un peu plus. Son regard noir se posa sur lui, qui était visiblement venu pour défendre Atsuko. « S’ils refusent de voir Naoto, elle pourra s’en prendre qu’à elle-même. Et en même temps, s’ils rejettent leur petit-fils pour ça, je pense pas que le petit ait besoin de gens aussi nocifs dans sa vie. » Peu importe qu’ils étaient ses grands-parents, Ji Hoon s’en fichait. On n’avait pas besoin d’avoir des liens avec sa famille juste parce qu’elle était sa famille. S’ils n’apportaient rien de bons, autant couper les ponts.
« Elle a vingt-sept ans Haruto, c’est facile de dire qu’elle a paniqué. Tu réfléchis à ce que Naoto doit penser ? » Lui qui était déjà assez perturbé comme ça avec toutes les nouveautés dans sa vie. C’était bien assez, pour ne pas en ajouter encore et encore. « Et après quoi, si j’avais rien dit ? T’aurais continué à aller aux repas de famille pendant les années à venir, en te faisant passer pour son mec ? Vous auriez demander à Naoto de jouer la comédie à chaque fois ? » C’était totalement stupide, vers quoi ce mensonge les aurait amené ? Cela n’aurait même pas été viable avec le temps. « Au bout du compte, vous auriez prétendu que ça ne marchait pas et on aurait demandé à Naoto de cacher le fait que tu étais encore dans sa vie ? Haruto, c’était quoi le plan ? » Lui qui disait qu’il avait été trop dur avec Atsuko. Elle avait paniqué, il ne comprenait rien. « Peut-être que ça te plaisait, l’idée d’être son mec, en fait ? Vu comme tu la défends et combien t’as l’air contrarié que ça ait été interrompu ? » Ji Hoon croisa ses bras contre son torse en fixant son compagnon. Il s’emballait, oui. Mais Haruto était suspect.